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Respiration orale : pourquoi il n’est pas bon de respirer par la bouche



Dans cet article nous verrons la différence entre la respiration orale et la respiration nasale et nous comprendrons pourquoi il est préférable de respirer par le nez plutôt que par la bouche.

Le rôle de la respiration dans notre organisme.

La respiration apporte à l’organisme l’oxygène nécessaire au fonctionnement des organes et élimine le dioxyde de carbone. Pour atteindre les poumons, l’air peut passer par le nez ou par la bouche. Normalement, une respiration correcte se fait par le nez, où l'air se réchauffe et s'humidifie lorsqu'il pénètre dans le corps. Cependant, certaines personnes ont tendance à respirer principalement par la bouche : cette condition est connue sous le nom de respiration buccale.

De nombreuses disciplines sportives, de méditation et de bien-être psychophysique accordent une importance fondamentale à l'apprentissage des bonnes techniques de respiration. Dans les disciplines anciennes Qi Qong (chinois) et Pranayama (indien), une respiration correcte est préparatoire à la réalisation du parcours d’apprentissage.

Une respiration nasale correcte est plus exigeante, en raison de l'effort plus important qu'elle nécessite. Malheureusement, le mode de vie moderne et divers facteurs environnementaux contribuent fortement à la propagation de la mauvaise habitude de respirer par la bouche.

Un état d’anxiété, de stress ou d’inquiétude entraîne également une respiration plus courte et moins profonde, majoritairement orale. Parfois, une obstruction nasale temporaire, comme un rhume prolongé, suffit à rendre la respiration orale plus facile que la respiration nasale. Il peut arriver que, par la suite, même si les voies nasales sont libres, la respiration orale reste une habitude et devienne la plus utilisée.

Sinon, il peut exister une obstruction nasale chronique, soit par une inflammation muqueuse chronique (rhinite chronique), soit par une déviation du septum nasal, qui est une cloison en cartilage et en os séparant les deux fosses nasales, soit par des tumeurs, bénignes ou malignes.


Pourquoi faut-il respirer par le nez ? Physiologie de la respiration nasale normale

En passant par le nez, l’air, qui est frais, sec et empli de poussières, est filtré, réchauffé et humidifié.

Si nous inspirons et expirons par le nez, le flux d'air est ralenti grâce à la plus grande résistance nasale (entre 50 et 200 % supérieure à la résistance orale).


Les sections des voies respiratoires qui déterminent la résistance nasale sont présentes sur toute la longueur du passage nasal, soit environ 12 à 14 centimètres. Mais la portion la plus importante en termes de quantité et de qualité se situe dans les 2-3 premiers centimètres du trajet, c'est-à-dire le tronçon qui va des narines externes jusqu'à la tête des cornets.

En raison de la plus grande résistance au passage de l'air par le nez, l'air est retenu plus longtemps dans les poumons et donc la quantité d'oxygène libérée par les globules rouges augmente. Tout cela stimule l'élasticité des poumons, renforce les muscles thoraciques, favorise la perméabilité des alvéoles, empêchant la formation de zones de mauvaise oxygénation (atélectasie). L'effort que fait la cage thoracique lors de la respiration nasale crée une plus grande pression intrathoracique négative qui réduit la fatigue cardiaque.

L'apport accru d'oxygène à tous les organes et muscles se traduira par une plus grande résistance physique pendant l'effort et par une plus grande efficacité et un plus grand bien-être.


Conséquences de la respiration orale sur notre organisme

En passant par la bouche et non par le nez, l’air n’est ni réchauffé, ni humidifié, ni filtré. Cet air froid, sec et non filtré favorise les pathologies récurrentes des voies respiratoires.


Le prix Nobel 2019 de physiologie et médecine a été décerné à W. Kaelin, P. Ratcliffe et G. Semenza. Ces scientifiques ont découvert comment, dans des conditions d'hypoxie relative (faible disponibilité d'oxygène), les cellules utilisent leurs réserves d'énergie pour compenser cette condition et constituent des cibles plus faciles pour le cancer.

Les conséquences négatives d’une oxygénation réduite surviennent plus facilement dans les organes comportant du parenchyme (rein, poumon, foie, prostate…), à commencer par l’altération de fonctions spécifiques. Lors de la respiration orale, un état d'hypoxie relative est créé. On estime que l'oxygénation du sang se détériore de 15 à 20 % avec la respiration orale.


Au niveau nasal, une hypertrophie compensatoire de la muqueuse respiratoire se déclenche, intensifiant la production de mucus dans l'espoir de capter davantage d'oxygène.

L’augmentation de la production de mucus réduit à son tour la perméabilité des voies nasales antérieures. La stagnation du mucus crée des inflammations et des infections, donc des œdèmes qui bloquent définitivement l'accès aux sinus paranasaux avec formation de sinusites, polypes, etc.


La respiration buccale augmente la fréquence respiratoire

Étant donné que les poumons extraient l’oxygène de l’air inhalé principalement lors de l’inspiration, l’augmentation du rythme respiratoire réduit l’oxygène absorbé.


Si nous expirons par la bouche, le passage de l'air est facilité, donc l'air demeure moins longtemps dans les poumons et l'oxygène est moins absorbé.


L'oxygénation réduite des tissus provoque une stimulation des centres respiratoires qui augmentent par conséquent la fréquence ventilatoire, générant des tachypnées, tandis qu’une vasoconstriction des vaisseaux périphériques se produit, afin d’économiser l'oxygène (ce qui peut favoriser les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux).


Quelles sont les causes de la respiration buccale ?

La respiration buccale peut être d’origine :


a) Obstructive inflammatoire

L'obstruction nasale inflammatoire consiste en une hypertrophie muqueuse, qui obstrue les fosses nasales. Elle peut être temporaire (rhume), ce qui n’est pas grave ou permanente, ce qui provoque les problèmes exposés ci-dessus. Le problème peut être une rhinite, allergique ou non allergique, une polypose, une sinusite chronique, une tumeur bénigne ou maligne.


b) Obstruction anatomique

Dans ce cas, il existe des situations spécifiques dans la conformation des voies respiratoires qui empêchent le passage de l'air par les voies nasales :

• cloison nasale déviée

• hypertrophie des cornets

• végétations adénoïdes hypertrophiques

• augmentation des résistances nasales iatrogènes (suite à une intervention chirurgicale par exemple)


c) Obstruction dysfonctionnelle

Il arrive souvent que la respiration orale s'établisse en raison d'une réelle difficulté de respiration nasale et soit ensuite entretenue comme une habitude, en raison de facteurs.


Conséquences à long terme de la respiration buccale

La respiration buccale doit être utilisée occasionnellement et uniquement en cas d'obstruction temporaire, par exemple lors d'une période de rhume, d'allergies ou lors des activités physiques, qui imposent une plus grand apport d’air, afin de pouvoir soutenir l’effort.

La cause principale de la respiration orale est très souvent le manque quasi absolu d'éducation à la respiration nasale. De nombreux problèmes, tant chez les enfants que chez les adultes, pourraient certainement être évités grâce à une respiration nasale correcte. Des statistiques récentes montrent qu'environ 50 % des enfants et 80 % de la population ont une fonction respiratoire incorrecte.


Conséquences de la respiration buccale : réduction du dioxyde de carbone (CO2) dans le sang

Nous avons déjà vu précédemment que la respiration orale augmente la fréquence respiratoire (hyperventilation) et tend par conséquent à réduire le taux de CO2 dans le sang (hypocapnie), tout en conservant un niveau d'oxygénation similaire à la respiration nasale.


La plupart des gens pensent que le CO2 est un gaz résiduaire dont il faut se débarrasser. En réalité, il a des fonctions importantes, la principale étant la régulation de la respiration. Un faible taux de CO2 dans le sang (hypocapnie) peut provoquer une inhibition des centres nerveux respiratoires et par conséquent être responsable d’un ralentissement voire d’un arrêt de la ventilation. L'hypocapnie est due généralement à une hyperventilation, c'est-à-dire une augmentation des entrées et sorties d'air dans les poumons entrainant ainsi une élimination trop rapide des gaz carboniques par les alvéoles pulmonaires.


Au contraire, un taux élevé de CO2 dans le sang (hypercapnie) peut provoquer un ralentissement de la fréquence ventilatoire.


Une autre fonction importante du CO2 est celle d’être responsable de la libération de l’oxygène de l’hémoglobine vers les tissus. Ce phénomène est appelé effet Bohr, décrit par le danois Christian BOHR en 1904 et il consiste en la diminution de l’affinité de l’hémoglobine pour l’oxygène en présence de CO2 (et d’hydrogène). En d’autres termes, plus il y a de CO2 dans les tissus, moins l’oxygène reste attaché à l’hémoglobine.


Dans le cas de la respiration orale exclusive ou prédominante, la fréquence ventilatoire est trop rapide et l’amplitude de la ventilation trop importante, ce qui fait que le CO2 s’élimine trop vite ; les niveaux de CO2 diminuent, ce qui fait que les molécules d'hémoglobine, bien que chargées en oxygène, ont plus de difficulté à le libérer vers les cellules, conduisant à une condition d'hypoxie relative (manque d'oxygène dans le corps).


La diminution du taux de CO2 induit également une hypersécrétion de mucus et donc un rétrécissement encore plus important des voies respiratoires.

Les reins ont ainsi tendance à compenser la variation du pH sanguin, augmentant l’excrétion de bicarbonate (produit métabolique du CO2) et entraînant une déplétion en magnésium et en calcium dans l’organisme.


Le dioxyde de carbone a également une forte activité antibactérienne : la croissance des staphylocoques en présence d'air normal est 1 000 fois plus élevée que dans un environnement saturé à 100 % en CO2. Sa diminution, du fait de l’augmentation des actes respiratoires lors de la respiration buccale, pourrait ainsi diminuer la capacité à combattre les infections.


Conséquences de la respiration buccale : déshydratation de l’ai inspiré

L’air qui pénètre dans notre corps est particulièrement pauvre en vapeur d’eau, tandis que celui présent dans les poumons doit en être riche, afin de ne pas irriter leur muqueuse. Lors du passage dans les voies respiratoires, l'organisme doit donc progressivement humidifier l'air entrant.

La muqueuse nasale humidifie l’air en sécrétant du mucus, ce que ne fait pas la bouche. La ventilation buccale exclusive fait donc pénétrer de l’air sec, donc moins utilisable, dans les bronches.


La respiration buccale aggrave les états d'anxiété

Lors des crises d’angoisse, la ventilation se modifie, devenant plus fréquente, plus courte et plus superficielle (hyperventilation). La persistance de cet état d'anxiété au-delà de la durée physiologique de quelques minutes déclenche des réactions en chaîne parmi lesquelles : hypocapnie, alcalose, réduction de l'oxygénation cérébrale, augmentation de la fréquence respiratoire avec sensation d'inconfort accrue.

Dans les états d'anxiété chroniques, la sensation d'inconfort peut augmenter jusqu'à une sensation d'étouffement, en raison de pauses respiratoires, entraînant une véritable crise de panique.


L'oxyde nitrique

Une substance, l'oxyde nitrique (NO), est produite dans les cavités paranasales sous forme de gaz.

Cette substance joue des fonctions importantes dans divers processus physiologiques et physiopathologiques de l’organisme, notamment : l’hémostase, la neurotransmission, l’immunité et la respiration.

Les niveaux élevés d’oxyde nitrique dans les voies respiratoires nasales et paranasales constituent une première et importante défense contre les micro-organismes. De plus, l’auto-inhalation d’oxyde nitrique nasal peut améliorer la fonction pulmonaire et d’autres processus physiologiques à distance.

L'air introduit par la respiration nasale se mélange à l'oxyde nitrique et atteint les poumons. Lors de la respiration orale, ce processus ne se produit pas, annulant ainsi les nombreux avantages de la substance.


Conclusions : l’importance de prévenir la respiration buccale

Nous avons vu jusqu'à présent à quel point la respiration nasale est importante et quelles conséquences peu connues peut avoir sur l’organisme si la respiration orale, si elle est utilisée de manière chronique au lieu de la respiration nasale.

Il est donc important d’apprendre à ventiler par le nez et non par la bouche et de restaurer la ventilation nasale lorsqu’elle est perturbée. Les spécialistes ORL sont les plus à même de poser le bon diagnostic et de proposer le traitement adéquat aux patients souffrant de ce problème.


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